Optimiser son alimentation selon les filières énergétiques

Comprendre pour mieux performer
Dans l’univers du sport et de la santé, l’alimentation et les filières énergétiques sont deux notions indissociables. Trop souvent abordées séparément, elles forment en réalité un duo essentiel à la performance, à la récupération et à la longévité sportive. Chaque activité physique fait appel à des mécanismes énergétiques précis, étroitement liés à la façon dont nous nous nourrissons.
C’est pourquoi il est fondamental de connaître les trois grandes filières énergétiques (anaérobie alactique, anaérobie lactique, aérobie) et de les relier à une stratégie nutritionnelle cohérente.
Dans cet article, vous découvrirez comment adapter votre alimentation à votre profil d’effort pour maximiser vos résultats, que vous soyez sprinteur, coureur de fond ou simple sportif du dimanche.
N.B. : Quelle que soit l’activité physique pratiquée ou la filière énergétique sollicitée, l’alimentation doit rester équilibrée et apporter tous les nutriments essentiels. Cet article vous aide à ajuster légèrement votre alimentation en fonction de votre activité pour en tirer le meilleur parti.
Énergie et sport : les trois filières énergétiques expliquées
Pour bien comprendre le lien entre alimentation et filières énergétiques, il est utile de comparer le corps humain à un moteur hybride qui utilise différents carburants selon l’intensité et la durée de l’effort.
1. Anaérobie alactique : la puissance instantanée
- Durée d’effort : 0 à 10 secondes
- Substrats : ATP et phosphocréatine (PCr)
- Exemple : sprint 100 m, saut, départ explosif
Cette filière permet une décharge très rapide d’énergie, sans utilisation d’oxygène ni production d’acide lactique. Elle est dépendante des stocks d’ATP et de créatine phosphate présents dans les cellules musculaires.
2. Anaérobie lactique : l’effort intense mais prolongé
- Durée : 10 secondes à 2 minutes
- Substrat principal : glucides (glycogène)
- Exemple : 400 m, crossfit, sports de combat
Cette filière produit de l’énergie rapidement mais en génère aussi des déchets (acide lactique). Le glycogène, forme stockée du glucose, est ici le principal carburant.
3. Aérobie : l’endurance durable
- Durée : au-delà de 2 minutes
- Substrats : glucides et lipides
- Exemple : course à pied, vélo, natation longue distance
C’est la filière principale des efforts modérés mais prolongés. Elle est économique et efficace, à condition d’avoir des réserves suffisantes de glycogène et de graisses.
Adapter son alimentation à la filière anaérobie alactique
La filière anaérobie alactique repose principalement sur l’ATP et la créatine phosphate. Ces réserves étant limitées, une alimentation bien ciblée est essentielle.
Nutriments clés :
- Créatine : naturellement présente dans la viande et le poisson (hareng, boeuf, porc)
- Protéines de qualité : pour soutenir la synthèse musculaire
- Glucides complexes : pour reconstituer les stocks d’ATP en dehors des compétitions
Conseils pratiques :
- Consommez une source de protéines animales ou végétales à chaque repas
- Intégrez des aliments riches en créatine naturelle (morue, poulet, dinde)
- Évitez les déficits caloriques si vous cherchez à améliorer vos performances explosives
Des recherches (Buford et al., 2007) ont montré que la créatine augmente la puissance maximale de 5 à 15 % dans les efforts courts.
Alimentation et filière anaérobie lactique : miser sur les glucides
Lorsque l’effort devient plus prolongé et intense, le corps mobilise la filière anaérobie lactique, dont le carburant principal est le glycogène.
Nutriments clés :
- Glucides à index glycémique modéré : riz complet, patates douces, flocons d’avoine
- Vitamine B1 (thiamine) : nécessaire au métabolisme des glucides (légumes secs, graines, porc)
- Antioxydants : pour limiter l’impact du stress oxydatif (fruits rouges, thé vert)
Conseils pratiques :
- Privilégiez un repas riche en glucides 2 à 3 h avant l’effort
- Hydratez-vous suffisamment pour favoriser le transport des nutriments
- Pensez à la récupération glycogénique avec un snack sucré post-effort
Des données de l’INSERM montrent que les stocks de glycogène musculaire peuvent être réduits de 40 à 50 % après 90 minutes d’effort intense.
Filière aérobie et alimentation : endurance et combustion des graisses
Dans la filière aérobie, le corps utilise les glucides et les lipides comme sources principales d’énergie. C’est la filière la plus sollicitée dans les sports d’endurance.
Nutriments clés :
- Glucides complexes pour maintenir un taux de glucose stable
- Acides gras insaturés (avocat, huile d’olive, oléagineux)
- Oméga 3 (poissons gras, graines de lin) pour la santé mitochondriale
Conseils pratiques :
- Adoptez une alimentation riche en fibres et bons lipides
- Mangez des repas digestes avant vos sorties longues
- En cas d’effort supérieur à 1h30, prévoyez des apports glucidiques réguliers (boisson, gel, fruits secs)
Une étude publiée dans le Journal of Applied Physiology souligne que l’utilisation des graisses comme carburant augmente de 50 % lors d’un entraînement aérobie régulier.
Synchroniser entrainement et nutrition : un duo gagnant
Il ne suffit pas de bien s’entraîner ou de bien manger. Il faut synchroniser l’alimentation et la filière énergétique sollicitée.
Checklist stratégique :
- Avant l’effort : apport ciblé en fonction de la filière (glucides, protéines ou lipides)
- Pendant l’effort : hydratation et énergie rapide si effort > 60 min
- Après l’effort : réparation musculaire (protéines) + reconstitution des stocks (glucides)
Erreurs à éviter :
- Faire l’impasse sur les glucides par peur de grossir
- Surconsommer des produits énergétiques sans lien avec la filière utilisée
- Ignorer les micronutriments et la qualité des aliments
Questions fréquentes sur l’alimentation et les filières énergétiques
1. Faut-il manger plus de lipides pour les sports d’endurance ?
Oui, les bons lipides (oméga 3, huiles végétales, fruits à coque) sont essentiels pour les sports aérobies. Mais ils doivent être bien dosés.
2. Peut-on prendre de la créatine naturellement ?
Oui, via l’alimentation (viande, poisson), mais en quantités modestes. La supplémentation reste utile chez les sportifs explosifs.
3. Comment savoir quelle filière je sollicite ?
Observez la durée et l’intensité de votre effort : sprint = anaérobie alactique, effort court et intense = lactique, long = aérobie.
4. Le jeûne est-il compatible avec toutes les filières ?
Non. Il peut nuire aux filières glucidiques. Le jeûne est surtout adapté aux efforts d’endurance légers.
5. Quels aliments éviter avant une compétition ?
Les aliments trop gras, trop riches en fibres ou les sucres rapides à index glycémique très élevé.
Ajuster son alimentation selon l’effort, une stratégie gagnante
Savoir adapter son alimentation aux filières énergétiques solliciteées est un levier puissant pour progresser sans se blesser. Ce savoir-faire vous permet non seulement d’être plus performant, mais aussi d’éviter la fatigue chronique, les fringales ou les blessures.
Chaque sportif est unique. Mais chacun peut bénéficier d’une stratégie nutritionnelle alignée sur son type d’effort. En vous connaissant mieux, vous progressez plus vite et durablement.
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