28 ans plus tard, fin du monde et apprentissage

28 ans plus tard

28 ans plus tard (28 Years Later) est un film de science-fiction américano-britannique réalisé par Danny Boyle, sorti en 2025. Troisième volet de la trilogie entamée avec 28 jours puis 28 semaines plus tard, ce nouvel opus plonge dans un monde où les survivants doivent faire face à une mutation du virus de la fureur.

J’ai vu le film mercredi 18 juin 2025, jour de sa sortie. Ce n’est pas un film qui se regarde seulement avec les yeux : il se reçoit avec le cœur. J’ai été bouleversé par son regard sur la mort, la vie et l’amour. C’est une œuvre complexe, symbolique, à plusieurs niveaux de lecture. Elle pousse à la réflexion intime sur la manière dont nous vivons, aimons et transmettons. Voici ce que j’en ai retenu. (Attention, cet article contient des spoilers.)


Ce n’est pas un film de zombies.

C’est une parabole.
Une traversée de l’ombre.
Un récit d’amour, de perte, de lucidité et de transformation.

En regardant 28 ans plus tard, je ne me suis pas demandé « que ferais-je dans un monde effondré ? ». Je me suis demandé :

Qu’est-ce que j’aime assez pour vouloir le protéger jusqu’au bout ?

Car ce film ne parle pas de s’en sortir.
Il parle de ce qu’on laisse, de ce qu’on transmet, de ce qu’on accepte.
Et chacun y verra une vérité différente.


Les infectés, c’est nous

Le virus de la fureur ne transforme pas les gens en monstres.
Il les transforme en humains qui ont perdu la maîtrise d’eux-mêmes.

C’est ce qui arrive quand un être est trop blessé, trop seul, trop abandonné.
Il bascule. En moins de dix secondes. Comme dans la vraie vie :

  • violences subies ou infligées,
  • crises de panique,
  • burn-out,
  • passages à l’acte.

La réalité, c’est que ces “infectés” étaient des gens avant. Et qu’ils portent encore en eux les ruines de leur humanité.


Se couper du monde ne sauve personne

Sur l’île, on pense avoir trouvé la paix. Mais c’est une illusion.
La mer empêche les infectés d’entrer… mais pas la violence de circuler.

Le monde s’effondre, et certains pensent que le salut viendra du repli, de la pureté, de l’ordre. Mais ce qu’on voit, c’est que la peur s’organise. Et finit toujours par se retourner contre ceux qui la nourrissent.

Les murs qu’on construit finissent parfois par nous enfermer.


Le père : la virilité toxique sous masque de courage

Je croyais que le héros était le père.
Fort. Sûr de lui. Admiration du village. Bras armé de l’ordre.

Mais non. C’est lui le vrai danger. Il ment. Il trahit sa femme mourante. Il met son fils en danger. Il refuse d’entendre. Il nie. Et il appelle ça « protection ».

Il incarne cette virilité qui agit sans ressentir, qui parle sans écouter, qui dirige sans se remettre en question. Et qui, finalement, détruit sans le vouloir.


La mère : la force de l’amour invisible

Elle ne parle presque pas. Elle est malade. Mais elle aime juste. Vraiment.

Elle sauve son fils sans rien dire. Elle respecte ses choix. Elle l’accompagne sans le diriger.

Et elle meurt comme elle a vécu : en douceur.
Choisissant le moment. Sans haine. Sans plainte.

Elle est la figure de l’amour vrai. Celui qui ne s’impose pas. Celui qui se tient là, même quand tout s’effondre.


L’enfant non infecté : renaissance

Une infectée accouche.
Et l’enfant est sain.

Dans un monde de peur, de fuite, de destruction… une vie pure naît de ce qu’on croyait souillé.

Cet enfant n’est pas juste un symbole. Il est la preuve que l’espoir ne vient pas de la pureté, mais de l’ouverture.
De ce qu’on n’aurait jamais cru possible.


Le médecin : l’homme qui regarde la mort

Son mausolée est fait d’os et de crânes. On croit qu’il est fou. Il est juste lucide.

Il nous rappelle que nous allons tous mourir.
Et que ce qui compte, c’est comment on regarde la mort.
Avec peur ? Ou avec gratitude ?

Il aide la mère à partir dignement. Et son fils à grandir.

Spike place le crâne de sa mère au sommet du mausolée.
Et dans ce geste, il devient homme.
Pas en tuant. En honorant.


Le cercle se referme

Le film commence dans une église.
Un prêtre appelle la fin du monde une bénédiction.
Il est le premier à devenir un monstre.

Il se termine sur un doute.
Jimmy, le premier témoin de l’effondrement, revient comme chef.
Mais que veut-il ?

Est-il un guide ? Ou une nouvelle menace ?

On ne sait pas. Et c’est bien ainsi.


Ce que je retiens pour ma vie

Ce film n’est pas un récit de survie.
C’est une méditation.

Tu ne peux pas tout empêcher. Mais tu peux choisir comment tu regardes ce qui arrive.

On ne peut pas vivre sans douleur. Mais on peut vivre sans fuir, sans dominer, sans mentir.

On peut aimer. On peut transmettre. On peut honorer.
Et parfois, cela suffit pour rester humain. Même au milieu de l’effondrement.


Et vous ? Quelle est la chose que vous protégerez jusqu’au bout, même quand tout s’éteint ?